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    Trois questions à... Alexandre Astier, un roi à la table des fictions !

    La 15ème édition du Festival de la Fiction TV de la Rochelle s'est ouverte ce mercredi 11 septembre et, déjà, les projections battent leur plein. Encore plus pour Alexandre Astier qui se trouve être, cette année, le Président du Jury ! Malgré son agenda surchargé digne d'un célèbre Roi, le créateur a pris le temps de répondre à quelques questions...

    Alexandre Astier, un Roi à la table des Fictions

    © Allocine/Raphaëlle Raux-Moreau

    Cette année, à la Rochelle, un doux parfum de Kaamelott flotte dans l'air... Non seulement Anne Girouard, la fameuse Guenièvre, est de la partie, mais le Président du Jury de cette 15ème édition n'est autre qu'Alexandre Astier, le célèbre créateur et interprète principal de la série.

    Ce samedi 14 septembre, ce dernier aura la lourde tâche de décerner un Palmarès, mais en attendant, il a accepté de répondre aux questions des journalistes. Etat de la fiction française, souvenirs de ses débuts, évocation de ses projets... Tout de suite, un échantillon !

    La fiction Française

    C'est bien simple : le Festival de la Rochelle est le rendez-vous des professionnels et amoureux de la Fiction Française et, par conséquent, un lieu incontestable de débats et d'échanges autour de son avenir. Ce jeudi matin, la Ministre de la Culture, Mme Aurélie Filippetti, avait justement fait le déplacement pour évoquer ces questions devant un public de professionnels -qu'ils soient scénaristes, réalisateurs, producteurs, acteurs ou encore diffuseurs- se révoltant au passage de la décision récente du CSA de classer plusieurs scripted reality au rang d'oeuvres patrimoniales.

    Et en sa qualité de Président du Jury et de symbole d'une création exigeante et pensée jusqu'au bout (du bout), Alexandre Astier se devait lui aussi d'offrir son point de vue sur cette question parfois délicate : "Il y a des choses très encourageantes, il y a des choses très modernes, il y a des saillies. Mais, il y a tout de même un petit vernis sur certaines autres choses qui nous restent un peu, comme une espèce de goudron dans lequel on aurait mis les pieds. Il y a quelques bricoles qui sont encore un peu ringardes, notamment quelques concepts et quelques erreurs même qui sont faites sur ce qu'est un héros, sur ce qu'est une série, sur ce qu'est une structure (...)"

    "Les Américains nous ont quand même permis de comprendre que raconter une histoire, ça pouvait aller bien plus loin que ce qu'on faisait nous. On avait une télé qui était à une époque très basée sur la tradition, sur nos acteurs fétiches et il suffisait de mettre des acteurs qu'on aime bien à l'écran avec des arches plutôt simples, plutôt lisses et ça allait. Et en plus de ça, il y avait de l'audience. Là, il y a une exigence qui demande énormément de technique, qui demande des techniques modernes d'écriture - quand je dis modernes, elles étaient modernes au temps d'Aristote - et bizarrement, nous on les a perdues. Il faut les regagner"

    © Pascal Chantier

    "Ca demande une exigence vis à vis de ce qu'on raconte, de la richesse de ce qu'on raconte, de la perspicacité psychologique qu'on met dans les personnages, qui est le cran au-dessus de ce qu'on faisait jusqu'à maintenant. Donc, il faut travailler et il y en a qui le font. (...) Il ne s'agit pas de forme mais de fond. Il s'agit de fabriquer un héros. Je crois qu'en France, ce dont on manque un peu, c'est de... Déjà, on est peut-être un peu trop surveillés par les diffuseurs - beaucoup trop à mon goût - et puis peut-être que l'on veut tout de suite mettre des équipes d'auteurs"

    "Mais, la conviction c'est quelque chose qui se nourrit seul d'abord et après on peut peut-être organiser une équipe autour de quelqu’un. Les Américains font ça. On dit qu'ils écrivent à huit, dix, douze. Mais non, ils ont ce qu’on appelle un showrunner et généralement c'est celui qui a inventé le concept. C'est celui qui a eu un jour le petit déclic qui fait qu'il a l'envie. L'envie, elle se transmet après, mais il faut quand même que quelqu'un l'ait. Et en France, l'envie c'est parfois la chaîne qui l'a d'abord (...) Ils font parfois presque leur marché sur des sujets. A mon sens, les sujets on s'en fout complètement. Ce ne sont pas les sujets qui comptent."

    © M6 Studios

    Des projets plein la malle

    Si l'avenir de Kaamelott reste encore à écrire, Alexandre Astier travaille en parallèle sur plusieurs autres fronts. En marge de la série Vinzia qu'il développe pour Canal +, il planche sur une série de science-fiction à laquelle il "tient beaucoup" pour un diffuseur encore inconnu, mais aussi sur son projet de long-métrage sur la Bête du Gevaudan qui l'a occupé une bonne partie de l'année. Il reprendra également la tournée de son spectacle sur Bach, Que ma Joie Demeure, à compter de la semaine prochaine.

    Quant à Astérix : Le Domaine des Dieux, le film d'animation qu'il co-réalise, la phase d'animation aurait été lancée : "J'ai insisté pour faire [cet album-là] car je l'aimais beaucoup. Je n'ai pas beaucoup rajouté de choses. J'ai ajouté quelques bricoles, quelques intrigues périphériques mais le coeur de l'album est vraiment là du début à la fin."

    Il y a 10 ans...

    Mais bien avant tout ça, il y a maintenant 10 ans, Alexandre Astier réalisait Dies iræ, un court-métrage qui finirait par l'emmener ailleurs, le court qui allait inspirer Kaamelott. Mais aujourd'hui, maintenant que le succès est là, que se dit-il lorsqu'il repense à cette période de sa vie ?

    [Je me dis]"Qu'il n'y a rien de plus profitable dans ce milieu et dans ce monde-là, et à mon avis dans tant d'autres, lorsqu'on passe la barrière d'inconnu à celle de la notoriété, que de l'avoir fait par une chose sur laquelle on n'a pas triché. J'ai juste fait un court-métrage, un court dont il n'était pas question qu'il ait une suite. Il était fini pour moi ce truc-là. C'est ça qui a donné vie au reste et le reste a été aussi libre que le court-métrage. Donc, je pense à la liberté que j'ai eue. Et je crois que maintenant, je n'arriverais même plus à l'avoir moi-même cette liberté-là, pour un autre projet."

    Raphaëlle Raux-Moreau

    Propos recueillis en présence d'autres journalistes

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