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    Gérardmer 2015 : Robert Rodriguez, bosseur cinéphile au micro
    Corentin Palanchini
    Passionné par le cinéma hollywoodien des années 10 à 70, il suit avec intérêt l’évolution actuelle de l’industrie du 7e Art, et regarde tout ce qui lui passe devant les yeux : comédie française, polar des années 90, Palme d’or oubliée ou films du moment. Et avec le temps qu’il lui reste, des séries.

    Rencontre avec le réalisateur américain Robert Rodriguez, qui s'est vu remettre hier des mains de Lionel Chouchan, créateur et délégué général du festival de Gérardmer, un prix pour l'ensemble de sa carrière.

    Thomas Caramelle / Allocine

    A l'occasion de l'hommage qui lui était rendu ce jeudi au festival international du film fantastique de Gérardmer, découvrez un Robert Rodriguez qui s'est montré tour à tour cinéphile, drôle et terriblement malin. Le réalisateur, scénariste, monteur, directeur photo et compositeur s'est livré en détails sur son travail. D'abord lors d'une conférence de presse, puis au micro d'Allociné. Rencontre avec un metteur en scène américain pas comme les autres.

    Extraits choisis de la conférence de presse :

    Aimez-vous le genre de films que vous faites, et notamment le Grindhouse ?

    Je fais des films très différents. Des films comme les Spy Kids par exemple et parfois d’autres films franchement plus pour adultes, mais leur point commun c’est le fantastique qui s’y trouve. Et plus particulièrement les mondes imaginaires dans lesquels les personnages évoluent.

    Prenez un film comme Desperado, par exemple : l’action se passe au Mexique, mais le Mexique que vous voyez à l’écran n’existe pas. C’est ancré dans la réalité, on y croit, mais ça n’existe pas. Et c’est cette liberté qui m’intéresse, celle de pouvoir créer des univers imaginaires.(…) C’est pour cela que lorsque j’ai appris que le festival de Gérardmer allait me rendre hommage, j’ai pensé que ça correspondait parfaitement à mon imaginaire.

    Quel est votre regard sur les effets spéciaux ?

    J’apprécie la liberté qu’apporte la facilité avec laquelle on peut faire –presque- tout et n’importe quoi. Il y a quelques années, les réalisateurs se posaient la question : « est-ce que cela est possible ? Comment va-t-on le réaliser ? Aujourd’hui tout est possible, même un peu trop. Je préfère que les effets spéciaux soient invisibles.

    Dans Desperado, il n’y a que deux plans d’effets spéciaux –on a effacé des câbles. Dans Il était une fois au Mexique en revanche, il y en a 600. Mais ils sont invisibles (…). Car quand un plan truqué est trop visible, ça crée une distance par rapport au film, on sort de l’histoire car on voit la fabrication du film (…). Trop de liberté tue la créativité.

    J'aime tous les genres de films

    Quels sont vos films préférés ?

    Mes films préférés changent d’années en années. Pour revenir à la racine de tout cela, j’aime tous les genres de films. Dans les films que j’aime faire, j’aime les films qui impliquent beaucoup de talents différents. Il faut qu’on soit plusieurs pour arriver au résultat voulu. Ce que je veux dire par là c’est que j’aime voir les drames simples et minimalistes, mais pas les faire. J’aime la main à la patte sur beaucoup de choses différentes et compliquées.

    Mes influences sont les premiers films réalisés par Alfred Hitchcock. Je me rappelle que j’allais les voir quand j’étais enfant. Il y avait un cinéma près de là où j’habitais qui passait souvent ces films, et ma grand-mère m’emmenait les voir. Je me souviens particulièrement des Enchainés et de La Maison du Docteur Edwardes, notamment une séquence de ce dernier qui est rêvée. Et pendant des années, j’ai pensé que j’avais rêvé moi-même. Mais plus tard lorsque j’ai revu le film, je me suis rendu compte que le souvenir onirique que j’avais était exactement tel quel dans le film. Mais ce moment c’était inscrit dans ma mémoire étant comme un rêve. J’ai été fasciné par ce qu’avait réussi à faire Hitchcock, et j’ai essayé d’ailleurs par la suite de refaire cela (…). Comment réussir à imprimer dans la mémoire des spectateurs une séquence, de manière à ce qu’ils aient l’impression que ce soit leur propre souvenir. C’est vraiment le thème qui m’a donné envie de faire des films.

    Un autre exemple, ma plus grande influence majeure de cinéma c’est Le Parrain de Francis Ford Coppola (...).

    Robert Rodriguez au micro d'Allociné : 

    Si on vous invitait à programmer trois ou quatre films lors d’un festival du film fantastique comme Gérardmer, lesquels choisiriez-vous ?

    C’est difficile. J’ai montré à mes enfants du Ray Harryhausen : Simbad, Le Choc des titans, Jason et les Argonautes… J’ai grandi en regardant ces films au cinéma. S’il en fallait un quatrième je dirais [il hésite beaucoup]. New York 1997 est plus dans la science-fiction, mais il contient des éléments fantastiques. Ce film a eu beaucoup d’influence sur moi (…) et sur la plupart de mes films.

    Par nécessité, je garde mes budgets bas. Lorsque vous voyez qu’engager quelqu’un va vous coûter cher alors que vous pouvez faire le travail en bossant un peu plus dur, je choisis de le faire moi-même. Mais c’est un choix : je mets l’argent à l’écran. J’ai envie de collaborer avec des gens compétents, plus talentueux que moi, mais je fais avec le budget que j’ai.

    Avons-nous une chance de voir un jour "Machete Kills again… in space" ?

    Nous voulons le faire, ce serait super. Notre idée a été de tourner une bande annonce pour ne pas avoir à faire le film car vous en avez déjà vu les meilleurs morceaux. Puis Danny m’a appelé et m’a dit « quand est-ce qu’on le fait ? » [il imite -très bien- la voix de Danny Trejo NdlR], donc il est toujours partant.

     Quel est votre prochain projet ?

    J’en ai plusieurs, je ne sais pas lequel je vais faire en premier. J’ai un film d’animation, un film fantastique et un film de science-fiction. En tous les cas, nous tournerions cette année pour une sortie en 2016.

    Découvrez la scène préférée de Robert Rodriguez (eh non, ce n'est pas un film cité dans cet article) :

    Propos recueillis par Corentin Palanchini à Gérardmer le 29 janvier 2015.

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