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    "Avec Evolution, on joue avec les thèmes du fantastique", selon Lucile Hadzihalilovic
    Corentin Palanchini
    Passionné par le cinéma hollywoodien des années 10 à 70, il suit avec intérêt l’évolution actuelle de l’industrie du 7e Art, et regarde tout ce qui lui passe devant les yeux : comédie française, polar des années 90, Palme d’or oubliée ou films du moment. Et avec le temps qu’il lui reste, des séries.

    AlloCiné a pu rencontrer la réalisatrice Lucile Hadzihalilovic, pour aborder avec elle son nouveau long métrage, Evolution, qui parvient à habilement mêler cinéma fantastique et cinéma d'auteur.

    Potemkine Films

    Evolution est depuis mercredi dans les salles, un film fantastique mêlant cinéma d'auteur et cinéma fantastique. Présenté au Festival international de Gérardmer cette année, le film y a remporté le Prix du Jury et le Prix du Jury presse. Elle fut également lauréate du PIFF 2015. La réalisatrice Lucile Hadzihalilovic a accepté de rencontré AlloCiné pour présenter son film :

    Il y a eu un long temps entre votre premier film, "Innocence", et "Evolution". Est-ce que cela a été causé par l’alliance  comme votre premier film d’ailleurs, entre cinéma de genre et cinéma d’auteur ?

    Oui, c’est exactement ça, je pensais que cela serait plus facile. Vous dites que c’était le cas pour Innocence, mais ce film était peut-être plus abstrait, moins film de genre, justement, malgré son ambiance. Evolution l’était plus franchement, donc je pensais que cela serait plus simple, plus narratif. Mais en fait c’est un mélange de choses donc cela a rendu la production difficile. Il n’est pas assez commercial pour le genre fantastique et pour le cinéma d’auteur à la française, le fantastique est très mal considéré. Comme si ce n’était que pour les ados et que c’était un genre impur.(…)

    J’ai trouvé l’image de votre film magnifique, et c’est votre travail avec Manuel Dacosse qui en est le résultat. Comment avez-vous discuté du ton que vous vouliez pour ce film ?

    Nous avions quelques principes de mise en scène. En tournant aux Canaries, nous avions très peur pour les extérieurs d’avoir une image carte postale. Et en même temps, il nous fallait quelque chose d’attirant, beau et coloré. Heureusement, nous avions un ciel avec un peu de nuages et violé, et l’idée était d’avoir un peu de matière dans l’image, bien que nous ayons tourné en numérique.

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    Mais comme nous avions très peu de temps pour tourner et très peu de moyens, nous avons limité les mouvements. Nous n’avions pas de steadicam, et de grue encore moins, donc nous avons recouru aux plans fixes. Ça donne quelque chose de plus pictural. J’avais fait Innocence un peu de cette manière-là aussi. Quant à Manu, il était chef opérateur sur un court métrage que nous avons fait ensemble également en lumières naturelles, donc nous avons un peu répété les mêmes choses.

    Vous mentionnez un tournage aux Canaries, vous avez fait le choix d’un milieu insulaire, isolé, ce qui rejoint aussi un peu Innocence avec son milieu fermé et des enfants qui ne peuvent pas sortir. C’était une volonté à l’écriture de faire écho à ce premier film de ce point de vue-là ?

    En fait, j’ai plutôt essayé de m’éloigner d’Innocence (rires). Je sais qu’à l’arrivée ce n’est pas réussi, mais c’est inconscient. C’est après que j’ai réalisé que les films formaient un diptyque. (…) Il y a comme constante l’isolement, l’autarcie, un monde avec ses règles propres, un peu décalées de la réalité. Et dans les deux films ces lieux sont une sorte de paradis et en même temps des sortes de prison où il se passe des choses angoissantes. Dans Evolution, c’est plus affirmé, il y a même des monstres.

    Et ces monstres, on les retrouve avec ces sortes de naïades que l’on voit dans le film, et le fait que d’une certaine manière, on est proche de Victor Frankenstein : elles essayent de créer la vie. C’était aussi conscient à l’écriture ?

    Je n’ai pas vraiment pensé à Frankenstein, mais au final c’est proche, même si on est plus proche de L’Ile du Docteur Moreau que de Frankenstein. On joue avec les thèmes du fantastique, notamment celui des expériences médicales.

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    Le film a une symbolique autour de l’étoile de mer, de sang, le personnage de Stella et la lumière opératoire de l’hôpital, qu’avez-vous voulu cacher avec cette étoile ?

    Je suis partie de cette image très banale et rassurante de l’enfant qui jour au bord de la mer, et qui découvre une étoile de mer. Et c’est quelque chose de très étrange, de très organique, et qui est tellement d’une autre classe d’être. C’est aussi un motif. Ce n’est pas que l’étoile est symbole de quelque chose, c’est qu’il est très étrange et fascinant.

    Comment avez-vous découverte Roxane Duran, qui est fantastique dans le film ? Etait-ce via "Le Ruban blanc" d’Haneke ou "La Famille Bélier", peut-être ?

    La Famille Bélier est sorti après qu’on ait tourné le film je pense, mais je l’avais vu dans Le Ruban blanc, mais j’avoue que je n’avais pas pensé à elle. Dans le film d’Haneke elle était ado, et n’avait pas forcément l’âge du rôle. Et puis on a fait un casting, (…) et j’ai réalisé qu’elle avait 20 ans, et c’était vraiment une rencontre aussi (…). J’avais pensé pour son personnage à quelqu’un d’effrayant, d’un peu froid, et quand je l’ai vu, j’ai trouvé qu’elle apportait quelque chose de doux et d’intime très intéressant.(…) J’étais très très heureuse d’avoir Julie-Marie [Parmentier, NdlR] aussi, qui est très bien dans le film.

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    Et pour choisir "le petit Nicolas" ?

    Max Brebant est très très charismatique. Il avait en fait 13 ans au moment du tournage, donc il était très conscient des choses, tout en ayant une fragilité physique et quelque chose de très enfantin dans ses expressions que j’ai trouvé très touchant. (…) Nous avons choisi de jouer quelque chose d’un peu neutre, comme si l’on voyait à travers lui. Comme s’il était dans un état somnambulique, et qu’il faisait un rêve éveillé, ce qui est un peu la nature du film. 

    "Evolution" est depuis mercredi dans les salles :

     

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