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    11 présidentes du petit écran... en attendant Hillary Clinton ?

    Le 8 novembre, les Américains choisiront leur nouveau Président. Et pour la première fois dans l'Histoire du pays, une femme pourrait accéder à la position suprême. Un cas de figure auquel le petit écran a déjà bien habitué ses électeurs/citoyens...

    ABC / PacificPressAgency / Bestimage

    “Nous venons de franchir une étape historique ensemble. Grâce à vous, et aux citoyens de notre pays, pour la première fois, une femme d’un parti politique majeur va être Candidate à la Présidence des Etats-Unis." C’est en ces termes qu’Hillary Clinton, la toute fraîche candidate démocrate, avait remercié ses supporteurs en juin dernier*.

    Depuis ce discours plein de promesses, la campagne présidentielle américaine opposant la Démocrate Hillary Clinton au Républicain Donald Trump bat son plein. Si Hillary Clinton remportait la course le 08 novembre prochain, elle deviendrait la toute première Présidente des Etats-Unis, un poste suprême auxquels les femmes accèdent depuis plusieurs années ailleurs dans le monde, comme au Libéria, en Croatie, à Malte ou au Chili...

    Le cinéma, avare de Présidentes

    Mais, si les Américains n’ont pas encore élu une femme à la tête de leur pays, leur cinéma l’a imaginé depuis bien longtemps, même si ces représentations n'étaient, au départ, ni flatteuses ni éloquentes. C'est finalement sans surprise par le biais de la science-fiction que cette idée a été introduite pour la première fois... en 1924 ! Le film comique muet The Last Man on Earth imaginait ainsi un monde où un seul homme adulte avait résisté à une épidémie mondiale. Mais alors que les postes les plus importants avaient (forcément) été confiés à des femmes (comme celui de Présidente), ces dernières étaient plus intéressées par la conquête du "dernier mâle" que par la gestion de leur pays.

    En 1953, un autre film de science-fiction, Project Moonbase, entrait sur ce terrain et montrait, à sa toute fin, une femme aux commandes, même si tout le reste du film appartenait aux personnages masculins. Dans le même genre, en 1964, Leslie McCloud devait quitter ses fonctions dans Kisses for my President quand elle apprenait sa grossesse. Il a donc fallu plusieurs décennies avant que les choses n’évoluent et qu’une Présidente débarque au cinéma pour prendre bravement les opérations en main, seule et sans qu’un élément lié à son genre vienne lui barrer la route. Le dernier exemple en date étant Sela Ward dans la suite d'Independance Day.

    Les femmes Présidente existent donc bel et bien au cinéma mais restent finalement assez rares. A ce jour, moins de 10 actrices ont porté cette responsabilité dans le cinéma américain contre plus d'une centaine d'acteurs. Cette représentation féminine du poste suprême est, en revanche, beaucoup plus obsessionnelle sur le petit écran...

    FOX / NBC

    Les séries, terre de promesses présidentielles

    En 1985, c'est à nouveau par le biais de l'humour que cette idée est proposée aux Américains dans la série comique Hail to the Chief, référence à la marche musicale qui accompagne les arrivées du Président. Julia Mansfied (incarnée par Patty Duke) y joue la toute Première femme élue à la Présidence Américaine et doit gérer un pays en proie aux menaces de l'URSS et la folie de son Cabinet entier. La série n’a toutefois pas fait long feu. Dans sa biographie, Patty Duke estimait d’ailleurs qu’à cette époque, "les téléspectateurs ne pouvaient pas accepter l’idée d’une femme présidente".

    Dans les décennies suivantes, les mentalités ont évolué et la télé a continué d’y participer en tentant de s’éloigner du candidat type - et toujours élu dans la réalité politique – c'est-à-dire un candidat blanc, masculin et protestant. En 2001, la série 24 a, ainsi, marqué une étape cruciale, alors jamais franchie par les citoyens américains dans la réalité, en élisant un Président afro-américain. David Palmer, chef d’état adoré, premier afro-américain élu à la Présidence dans 24, mènera le pays pendant plusieurs années. Honnête et droit, Palmer renoncera à un possible deuxième mandat dans la saison 3 et finira par se faire assassiner au début de la saison 5. La série ne s'arrêtera pas là et confiera le poste à son frère, Wayne Palmer, dans la saison 6.

    Le mandat de David Palmer dans 24, série phénomène des années 2000 a, pour certains, joué sa part dans l’élection de Barack Obama quelques années après, en 2008. Pour plusieurs observateurs, le personnage aurait préparé le terrain et permis à certains Américains de concevoir l’idée d’un Président noir à la Maison-Blanche.

    Si la fiction nourrit la réalité, l'inverse se produit évidemment, parfois dans des sphères presque prémonitoires. En 2004, alors que Barack Obama est un parlementaire que personne ne peut encore visualiser dans le Bureau Ovale, le scénariste d'A la Maison Blanche, Eli Attie, spécialiste des questions politiques, voit en lui un modèle de charisme et d'avenir. Il s'en inspire pour créer le personnage du latino Matt Santos qui deviendra Président dans la série en 2006, deux ans avant la vraie campagne...

    ABC

    La fiction fait-elle avancer les moeurs ?

    Aux Etats-Unis, la télévision a toujours joué un rôle dans l’évolution des mentalités, qu'il s'agisse d'aborder frontalement des sujets de société ou en faisant entrer dans les foyers des minorités, de manière quotidienne. En 2012, un sondage américain affirmait par exemple qu’avoir des personnages ouvertement gays dans des séries grand public, comme Glee ou Modern Family, avait un impact direct sur le regard que pouvait porter le public sur la communauté LGBT.

    Si une élection fictive et un Président fictif noir peuvent avoir un quelconque impact sur la manière dont les électeurs abordent les véritables élections, les Américains pourraient être prêts à élire une femme à la tête de leur pays. Ls derniers sondages vont, en tout cas, bien en ce sens.

    Dans un sondage organisé par CNN en mars dernier, 8 américains sur 10 estimaient ainsi que leur pays était prêt pour une femme Présidente. Pour autant, ce chiffre diffère grandement selon l'appartenance politique des personnes interrogées : 90% des Démocrates pensent en effet que le pays est prêt contre seulement 68% des Républicains. On ne peut nier, en revanche, que la part d'Américains "prêts" est en hausse depuis une dizaine d'années. En 2006, seul 60% du panel allait dans cette direction...

    Je suis fière d'être la première femme Présidente hétérosexuelle". Lisa Simpson

    Il y a 10 ans justement, cette idée d'une femme Présidente avait été portée à son sommet avec Commander in Chief. Mais, la tentative s'était soldée par un échec malgré la présence de la star Geena Davis au casting. La critique américaine Judith B. Walzer s'était même demandée dans les colonnes du magazine Dissent si le message de la série était censé être que le job était trop compliqué pour une femme. Nous n'y étions donc pas encore...

    Dans la foulée, de nouveaux essais ont été tentés. Prison Break a offert la figure de Caroline Reynolds (qui s'est emparée du poste en assassinant son prédécesseur !) et 24 a continué de bousculer les mentalités en confiant sa présidence à Cherry Jones dans ses saisons 7 et 8. Quant à Battlestar Galactica, même si la série ne représente pas les Etats-Unis, elle a offert sa Présidence à Laura Roslin, une courageuse féministe.

    Après 2008, lorsqu’Hillary Clinton a failli devenir la Candidate démocrate à l’élection, l’idée a encore fait plus de chemin, dans la tête des votants mais aussi dans celle des scénaristes, qui ont continué de jouer autour de ces nouveaux modèles avec plus d'audace, sentant que la réalité était en train de rattraper leurs fictions...

    Netflix / CW / HBO

    2016 - 2017, l'obsession

    Ces deux dernières années, coller à cette éventualité est même devenu une obsession. En 2015, Veep a tenté le pari avec Selina Meyer tout comme State of Affairs qui, même si elle n’a pas tenu le choc, a tout de même proposé une Présidente noire américaine. Quant à Parks and Recreation, elle s'est achevée en 2015 en insinuant que, dans le futur, Leslie Knopes serait bel et bien devenue Présidente.

    En cette saison 2016 / 2017, la femme Présidente de la fiction américaine sera d'ailleurs impossible à ignorer. Scandal proposera une nouvelle élection présidentielle, opposant Mellie Grant, ancienne Première Dame, à un avatar de Donald Trump, après le désistement de la vice-présidente Susan Ross. Madam Secretary a amorcé, dans sa troisième saison, l'idée qu'’Elizabeth McCord puisse un jour accéder à la vice-présidence et, on peut se permettre de l'imaginer, même à la Présidence.

    De son côté, Supergirl vient tout juste d’introduire sa Présidente en la personne de Lynda Carter quand Homeland, de retour le 15 janvier prochain et toujours dans le feu de l'actualité, déroulera l'action de sa prochaine saison entre l’élection présidentielle et l’investiture de la Nouvelle Présidente, incarnée par Elizabeth Marvel.

    Elizabeth Marvel, que les fans d’House of Cards connaissent très bien puisque l’actrice y campe aussi Heather Dunbar, l’une des nombreuses femmes de pouvoir de la série de Netflix. Dunbar, candidate féroce à la présidentielle 2016, avait dû se désister à la fin de la saison passée.

    En matière de femmes politiques influentes, House of Cards reste d'ailleurs l’un des cas les plus intéressants du moment, avec des personnages comme Jackie Sharp mais aussi Claire Underwood qui vole clairement la vedette à son candidat de mari dans le cœur du public et qui, dans son propre cœur, désire plus que tout être Présidente. La saison 5, prévue en mars prochain, sera, à cet égard, fascinante, Underwood devant gagner les élections tout en maitrisant les probables manipulations de sa colistière…

    11 Présidentes du petit écran

    Et si tout n'était qu'une question de pouvoir ?

    Avant même qu'Hillary Clinton ne devienne Candidate, les séries ont cherché à offrir des Présidentes, sentant, non seulement les tendances à venir de leur époque, mais aussi les changements qu'elles-mêmes, et leurs scénaristes, désiraient voir venir. Pour autant, il a fallu des années avant que les séries proposent des Présidentes ayant réussi à se hisser jusqu'au Bureau Ovale par leurs propres moyens, sans être des remplaçantes ou des Premières Dames.

    L’arrivée de Clinton dans le paysage de la Présidence - et même de tous ses bagages - ont clairement poussé les scénaristes, cette saison, à dépasser leurs efforts pour aller encore plus loin. Mais, ce n'est pas la seule raison. Depuis des années déjà, la télévision offre naturellement, et sans artifice, des positions de pouvoir à ses personnages féminins. A l'image d'une Alicia Florrick (The Good Wife), d'une Patty Hewes (Damages), d'une Olivia Pope (Scandal), d'une Kate Beckett (Castle), d'une Elizabeth Jennings (The Americans), d'une Peggy Olson (Mad Men) ou d'une Daenerys Targaryen (Game of Thrones). Des personnages qui, à défaut de révolutionner le monde, peuvent faire avancer les mentalités, inspirant le respect et respirant la légitimité sans que leur genre n'ait besoin d'être relevé, épisode après épisode.

    Lord Varys dans le premier épisode de la saison 5 de la série de HBO déclarait d'ailleurs avec beaucoup de justesse :

    "- Les Sept Royaumes ont besoin de quelqu'un qui soit plus fort que Tommen mais plus doux que Stannis. Un Monarque qui puisse intimider les grands Seigneurs, mais qui inspire aussi le peuple. Un leader adoré par des millions de gens, doté d'une armée puissante et du bon nom de famille."

    Ce à quoi le facétieux Tyrion répondait : "- Bonne chance pour le trouver".

    Avant que Varys ne lui rétorque : "- Mais qui a parlé de "lui" ?".

    En effet, qui a parlé de "lui". Continuons de parler "d'elles"...

    Les Underwood au pouvoir : Elle ou lui ?

    * A savoir : Si Hillary Clinton est la première femme d’un parti majeur à accéder à la Présidentielle, d’autres Américaines avant elle se sont lancées dans cette course. Selon le Musée National Américain de l’Histoire des femmes, plus de 35 femmes auraient tenté leur chance, la première étant Victoria Woodhull en 1872.

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