Mon compte
    Borg/McEnroe : "Une déclaration d'amour à ces deux joueurs"
    Clément Cuyer
    Clément Cuyer
    -Journaliste
    Clément Cuyer apprécie tous les genres, du bon film d’horreur qui tâche à la comédie potache. Il est un "vieux de la vieille" d’AlloCiné, journaliste au sein de la Rédaction depuis maintenant plus de deux décennies passionnées. "Trop vieux pour ces conneries" ? Ô grand jamais !

    Dans "Borg/McEnroe", en salles ce mercredi, Sverrir Gudnason incarne le légendaire joueur de tennis suédois Björn Borg. Rencontre.

    Universum Film

    Avec Borg/McEnroe, aujourd'hui en salles, le réalisateur Janus Metz Pedersen revient sur la rivalité entre deux légendes du tennis aux tempéraments radicalement différents : l'impassible Suédois Björn Borg et le tempétueux Américain John McEnroe. Une opposition entre la glace et le feu qui a connu son apogée avec l'haletante finale du tournoi de Wimbledon 1980.

    A l'occasion de la sortie du long métrage, que le réalisateur décrit comme "la version tennis de Raging Bull", AlloCiné a rencontré Sverrir Gudnason, l'interprète de Borg. Il évoque pour nous l'icône scandinave, son travail de préparation pour le rôle mais également la difficulté d'être tennisman de très haut niveau et sa collaboration avec Shia LaBeouf, qui se glisse dans la peau McEnroe.

    AlloCiné : Etiez-vous fan de tennis avant d'incarner Björn Borg sur grand écran ?

    Sverrir Gudnason : En fait, avant que je n'obtienne ce rôle, je n'avais JAMAIS mis les pieds sur un court ni même regardé un match en entier ! Mais maintenant, j'aime ce sport, j'aime y jouer. Faire ce film a vraiment changé mon rapport au tennis, ça a été une découverte.

    Vous êtes Islandais d'origine, mais habitez en Suède depuis l'âge de douze ans. Que représente Borg pour vous ?

    C'est une véritable icône dans les pays nordiques. C'était quelque chose d'assez effrayant, l'idée d'incarner cette légende du tennis, car tout le monde a sa petite idée sur lui. Au début, je n'étais pas sûr d'accepter. Déjà, je ne me sentais pas athlète et puis je ne me sentais pas proche de Borg en tant que personne. J'étais donc sur le point de dire non, et puis j'ai commencé à consulter des archives, des interviews de lui... Je suis tombé sur des passages qui m'ont convaincu que, peut-être, je pourrais le faire.

    Comment vous êtes-vous préparé physiquement à ce rôle hors du commun ?

    C'était du tennis deux heures par jour pendant six mois, pour faire les coups correctement. On avait parfois des doublures pour le film, mais c'était souvent nous, on s'est beaucoup entraîné pour ça, Shia LaBeouf s'est même cassé un orteil ! On faisait du "shadow tennis", on reproduisait les mouvements exacts, les courses, les coups, mais sans les balles qui étaient rajoutées en CGI. Il fallait trouver la bonne manière de filmer le tennis qui est un sport très dur à reproduire à l'écran.

    Universum Film

    Outre l'aspect purement physique, j'imagine qu'il y a eu un gros travail de recherches...

    Oui, en parallèle, j'ai essayé de regarder et de lire tout ce que pouvais trouver sur Borg ! J'ai visionné énormément de vidéos de ses matchs à la fin des années 70 et au début des années 80, notamment cette fameuse finale de Wimbledon dont on parle dans le film, bien sûr. Je l'ai regardée deux fois dans son intégralité, deux fois quatre heures et demie ! (sourire)

    En regardant toutes ces archives, ça m'a permis de percevoir tous les détails, ce que Borg faisait entre les points, comment il marchait, comment il tenait sa raquette, ce qu'il faisait quand il s'asseyait aux changements de côté. Sa petite routine. J'aime me plonger dans les détails, les copier. Je les assemble comme un puzzle et c'est ensuite que je peux mettre de moi-même dans le personnage pour le rendre vivant. Ce qui me rend heureux, c'est que Borg a aimé le film. Il m'a dit qu'il avait été très touché, que je lui ressemblais vraiment.

    Comment définiriez-vous sa personnalité ? Vous vous sentez proche de lui ?

    Borg, c'est l'archétype scandinave, plutôt discret et renfermé. (sourires) Disons que si je devais choisir entre les deux, je me sens plus proche de lui que de McEnroe. McEnroe est plus à la new-yorkaise, extraverti, grande gueule.

    Le film montre la violence du sport de haut niveau et les démons intérieurs de ces deux joueurs qui, même s'ils ont des caractères opposés, se rejoignent dans ce "combat" avec eux-mêmes...

    Je pense que pour devenir le meilleur au monde, il faut avoir l'esprit formaté pour être capable de faire ces milliers d'heures d'entraînement. C'est un sport qui procure de grandes émotions aux joueurs mais où ces derniers sont très seuls. Un sport qui peut aussi énormément frustrer. Vous passez la balle au-dessus du filet, elle revient, vous frappez à nouveau, elle revient, et revient, et revient... Ca ne s'arrête jamais. Il faut donc que ces joueurs trouvent un moyen de contrôler leurs émotions. Soit en les faisant ressortir, comme McEnroe, soit en les contenant, comme Borg. Je pense que tous les joueurs de très haut niveau ont l'esprit formaté de la même manière, mais que leur énergie se manifeste de manière différente.

    Universum Film

    "Borg/McEnroe", au-delà d'un film sur le tennis, est un véritable drame...

    C'est un drame psychologique sur la peur et la solitude que ressent un joueur de tennis. C'est un sport individuel où on se sent très seul. On est seul quand on est au sommet, quand on est le meilleur au monde. Où que vous alliez, tout le monde attend de vous que vous soyez le conquérant, le roi, mais à l'intérieur, vous savez combien c'est dur de gagner. Vous allez probablement perdre la prochaine fois, c'est une situation compliquée.

    Un mot sur Shia LaBeouf, un acteur qui a la réputation d'être un peu fou et qui incarne John McEnroe à l'écran. Comment s'est passé votre collaboration ?

    Il est arrivé sur le projet avec beaucoup d'énergie et de dévotion. Il s'est vraiment donné à fond, a travaillé très dur. C'est quelqu'un de très respectueux, un super acteur, très sympa. C'était super de bosser avec lui, à tel point qu'on est devenus amis.

    Un dernier mot sur le véritable John McEnroe, qui a déclaré ne pas être intéressé par le film...

    Il n'aime pas l'idée car il pense que ça le fait passer pour un imbécile. Mais on a fait le film avec beaucoup de coeur, c'est une lettre d'amour à Björn et John. C'est dommage qu'il pense ça, car le film est vraiment un hommage à ces deux joueurs.

    Propos recueillis par Clément Cuyer le 19 octobre 2017 à Paris

    La bande-annonce de "Borg/McEnroe" :

     

    FBwhatsapp facebook Tweet
    Sur le même sujet
    Commentaires
    Back to Top