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    Les Sauvages sur Canal+ : la série éminemment politique dont la France avait besoin

    Canal+ lance ce lundi sa nouvelle création originale "Les Sauvages", une grande réussite portée par une excellente distribution. Découvrez pourquoi elle est immanquable... Garanti sans spoilers !

    De quoi ça parle ?

    Tout sourit à Fouad, jeune acteur star d’une série télévisée et fiancé de Jasmine, la fille du candidat favori à l’élection présidentielle, Idder Chaouch. Mais le jour de l’élection, Chaouch est la cible d’un tireur… qui appartient à la famille de Fouad. L'homme, dont le monde s’écroule, décide d’enquêter de son côté soutenu par Marion, la responsable de la sécurité du président... Vengeance, lutte fratricide ou manipulation ? 

    Tous les lundis soirs sur Canal+, disponible sur MYCANAL. 6 épisodes. Bande-annonce :

    C'est avec qui ?

    Outre le brillant trio que l'on ne présente plus composé de Roschdy Zem dans le rôle du nouveau Président de la République française, Amira Casar dans celui de sa femme et Marina Foïs en enquêtrice improvisée obstinée, Les Sauvages mise avant tout sur des visages peu ou pas connus, issus d'une nouvelle génération d'acteurs et d'actrices qui représentent la France d'aujourd'hui dans toute sa diversité.

    Fouad est incarné par l'excellent Dali Bensallah, qui sera prochainement à l'affiche du nouveau James Bond, No Time To Die. Beau et charismatique, il est de toute évidence taillé pour les premiers rôles et l'action. Le Cousin Nazir, que l'on rencontre en prison, est interprété par le rappeur Fianso (Sofiane Zermani), dont c'est le premier rôle à la télévision et qui réussit ce passage à merveille. Le grand amour de Fouad est joué par Souheila Yacoub, vue dans le film de Gaspar Noé Climax. Les amateurs de Mektoub My Love retrouveront le héros de la saga de Kechiche, Shain Boumedine. A souligner également l'excellente prestation du jeune Iliès Kadri, dans un rôle particulièrement ambigu. 

    ça vaut le coup d'oeil ?

    Canal+ frappe très fort en cette rentrée avec l'excellente Les Sauvages, qui ne ressemble tout simplement à aucune autre série française, tout en s'incrivant parfaitement dans la line-up de la chaîne comprenant des propositions comme Engrenages ou Le Bureau des légendes. Sous influence anglo-saxonne -elle a la richesse thématique d'une série britannique alliée à l'efficacité narrative d'une série américaine- cette adaptation ambitieuse des romans de Sabri Louatah, sortis déjà sous une forme sérielle de 4 tomes, ose et surprend par sa maîtrise. Mise en scène avec énergie et réalisme par Rebecca Zlotowski, une habituée du film social (Belle épineGrand Central), elle est co-écrite avec l'auteur lui-même dans un accord parfait entre le fond et la forme.

    Les Sauvages se fait à la fois saga familiale aux accents de tragédie Shakespearienne, thriller façon Homeland ou Bodyguard avec une tension constante et série éminemment politique qui, au contraire d'un Baron Noir, n'en raconte pas vraiment les rouages et n'en dépeint pas les arcanes, mais en montre les répercussions sur la société et l'entourage de ceux qui la font. Impossible de ne pas penser à la récente Years and Years, avec qui elle partage bien des combats et des thématiques. En effet, la série prend des accents dystopiques, ou préférerait-on dire prophétiques, lorsqu'Idder Chaouch, un fils de Kabyles, est proclamé Président de la République dans le premier épisode, dans un futur proche. Une chose malheureusement inimaginable à l'heure actuelle. Et si Les Sauvages, comme A La Maison Blanche et 24 Heures Chrono en leurs temps, parvenait à montrer que c'est possible, qu'il n'y aucune raison d'en avoir peur ?

    Les Sauvages plonge la tête la première dans la réalité de la France d'aujourd'hui, celle que la télévision met souvent de côté parce qu'elle n'est pas assez glamour, pas assez blanche sans doute. Elle nous entraîne à Saint-Etienne, où la série a été tournée, une ville rarement filmée, pas forcément jolie, mais qui symboliquement permet de donner une voix aux oubliés. Elle s'intéresse intimement à deux familles d'origine algérienne : les Nerrouche, issus de la classe moyenne, entre traditions et débrouille, père absents et femmes omniprésentes; et les Chaouch, parvenus au sommet de l'élite parisienne intellectuelle, non sans en payer le prix. Elles sont unies façon Roméo et Juliette par une grande histoire d'amour contrariée. La question raciale y est centrale, abordée à travers une multiplicité de points de vue qui permet à chacun de s'en emparer et d'y réfléchir. 

    D'épisode en épisode, Les Sauvages interroge, divertit, émeut et surprend; une grande fresque lyrique, qui devient sous nos yeux la grande série dont la France contemporaine avait besoin. 

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