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    Lupin III The First : personnage culte, influence de Miyazaki, sa place dans la pop culture... Notre interview du réalisateur !
    Vincent Formica
    Vincent Formica
    -Journaliste cinéma
    Bercé dès son plus jeune âge par le cinéma du Nouvel Hollywood, Vincent découvre très tôt les œuvres de Martin Scorsese, Coppola, De Palma ou Steven Spielberg. Grâce à ces parrains du cinéma, il va apprendre à aimer profondément le 7ème art, se forgeant une cinéphilie éclectique.

    Le gentleman cambrioleur créé par le mangaka Monkey Punch débarque pour la première fois sur grand écran dans l'Hexagone. Pour l'occasion, AlloCiné a rencontré le réalisateur de Lupin III The First, Takashi Yamazaki.

    Lupin III... l'évocation de ce nom fait surgir des étoiles dans les yeux des fans mais peut aussi interloquer le spectateur qui ne connaît pas le personnage. Non, il ne s'agit pas du 3ème opus d'une saga mais de Lupin 3ème du nom, petit-fils du célèbre gentleman cambrioleur Arsène Lupin.

    Créé par le mangaka Monkey Punch en 1967, Lupin III est un voleur insaisissable, un cambrioleur unique au monde qui obtient toujours ce qu’il désire. S’il est réputé pour son agilité et son discernement, les jolies filles peuvent rapidement lui faire tourner la tête.

    Lupin III: The First
    Lupin III: The First
    Sortie : 7 octobre 2020 | 1h 33min
    De Takashi Yamazaki
    Avec Maxime Donnay, Kanichi Kurita, Michel Hinderyckx, Kiyoshi Kobayashi, Jean-François Rossion
    Presse
    3,6
    Spectateurs
    3,0
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    Le personnage, inspiré du Lupin créé par l'auteur Maurice Leblanc, a eu droit à plusieurs séries TV et longs-métrages depuis le début des années 70. Hayao Miyazaki réalisera d'ailleurs le cultissime Château de Cagliostro en 1979, contribuant à rendre populaire Lupin III. En 2020, le gentleman cambrioleur a droit à son adaptation en animation 3D, Lupin III The First. Nous avons eu l'immense privilège de rencontrer son réalisateur, Takashi Yamazaki.

    AlloCiné : Ce qui frappe d'emblée dans Lupin III The First, c'est évidemment son style graphique. C'était risqué de se lancer dans cette voie pour un personnage aussi emblématique. Pourquoi ce choix de la 3D ?

    Takashi Yamazaki : La première raison de ce choix est le fait de vouloir toucher un nouveau public qui ne connait pas forcément Lupin. Mais comme vous le dites, c'est un personnage qui est apprécié depuis très longtemps et il ne fallait pas non plus trahir les attentes des fans de longue date.

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    C'est pourquoi on a essayé de reproduire en 3D cette touche d'animation traditionnelle ; et d'après les premières réactions, les gens nous disent qu'ils ont l'impression de regarder en 3D un film en animation classique. Donc je pense qu'on a réussi à atteindre notre objectif.

    C'est vrai que vous avez poussé le souci du détail très loin, on peut distinguer par exemple les plis de la veste de Lupin, presque sentir le cuir bouger sous ses mouvements... On accuse souvent les films en 3D d'être trop lisse, ici ce n'est pas du tout le cas. Comment on obtient un tel niveau de détails ?

    La seule réponse que je peux vous donner c'est rendre hommage à l'implication et la grande qualité de toute mon équipe. On avait une réunion environ une fois par semaine et je vérifiais le travail de chacun. À chaque fois ils apportaient des choses qui surpassaient toutes mes attentes.

    La principale caractéristique de Lupin, c'est sa liberté.

    L'équipe était très impliquée et consciencieuse. C'était un groupe international, il n'y avait pas que des japonais, il y avait aussi des français d'ailleurs. On ressentait dans leurs dessins et leurs travaux tout l'amour et la passion qu'ils portaient à Lupin.

    Arsène Lupin est un personnage très ancré dans la culture française, créé par Maurice Leblanc avant d'être repris par Monkey Punch pour son manga ; comment expliquez-vous la fascination du public, notamment japonais, pour ce personnage ? Est-ce que c'est son côté bad boy, insoumis, qui plaît ?

    Je pense que la principale caractéristique de Lupin, c'est sa liberté. Il fait ce qu'il veut, quand il veut, malgré toutes les pressions autour de lui, que ce soit de la police ou ses alliés. Il agit librement et c'est ça qui plaît. Ce qui est apprécié, c'est aussi sa relation avec ses partenaires. Il n'y a pas de grandes démonstrations d'amitié entre eux mais quand un des leurs a un souci, ils sont toujours là pour venir l'aider.

    Si Lupin était juste un super-héros, il serait obligé de ne faire que des choses bonnes, il serait un justicier sans grande saveur.

    C'est quelque chose de très important. Si Lupin était juste un super-héros, il serait obligé de ne faire que des choses bonnes, il serait un justicier sans grande saveur. Lupin fait aussi des mauvaises choses car ce n'est pas un super-héros ; ça plaît aux gens qu'un personnage puisse agir autant de manière positive que négative et faire parfois des trucs graveleux ou salaces.

    Le film mélange les genres aventure et espionnage façon James Bond, avec une grande variété de décors et d'environnements. Vous qui avez réalisé des films animés et des films en prises de vues réelles, est-ce que l'animation vous a apporté plus de liberté et vous a permis toute cette fantaisie ?

    J'aime aussi bien travailler sur un film d'animation qu'un film en live-action. Je ne sais pas si l'un des deux m'apporte plus de liberté mais en ce qui concerne Lupin III, je souhaitais réaliser quelque chose de très hollywoodien façon années 80.

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    Je voulais que ça déborde d'énergie comme les films d'action américains des 80's. Et ce n'était pas possible de faire ça dans un film japonais en prises de vues réelles, aujourd'hui. Ces voyages aux 4 coins du monde, cette action débridée, cette liberté, j'ai pu la trouver dans la réalisation de ce Lupin.

    Est-ce que la série animée et les films comme Le Secret de Mamo ou Le Château de Cagliostro ont été des sources d'inspiration ou vous avez préféré vous éloigner de ces références pour apporter votre touche personnelle ?

    Je n'ai pas pu me détacher radicalement de l'Histoire de Lupin, notamment Le Château de Cagliostro de Miyazaki, qui est une oeuvre majeure pour moi. C'est un film que j'adore, que j'ai vu des dizaines de fois. Même si j'avais voulu m'en détacher, je n'aurais pas pu car c'est ancré en moi.

    Je rends d'ailleurs hommage à ce long-métrage dans Lupin III à travers beaucoup de scènes. Je ne pense pas que ce soit mauvais de s'inspirer de tout ce qui a été fait. Mon film est une manière de prolonger l'Histoire du personnage et c'est quelque chose de plutôt positif.

    Je voulais que ça déborde d'énergie comme les films d'action américains des années 80.

    Dans Lupin III, on trouve tous les personnages connus de la saga (Zenigata, Jigen...) mais aussi des nouveaux comme Laëtitia, qui a une place centrale. J'ai l'impression que vous avez mis beaucoup de cœur dans ce personnage, est-ce que c'est celui que vous avez préféré mettre en scène ?

    À mes yeux, Laëtitia est le second personnage principal du film. J'avais à coeur de raconter cette histoire où on a une femme pleine de talent, de compétences, mais qui ne peut pas s'exprimer comme elle voudrait à cause des pressions qu'elle subit.

    Eurozoom

    Lupin et ses amis vont la secourir et lui permettre de devenir l'aventurière qu'elle a toujours rêvé d'être. De tous les nouveaux personnages, c'est elle qui m'a demandé le plus d'implication.

    Vous avez travaillé au sein du studio Marza Animation Planet pour la réalisation du film et j'ai lu que les méthodes de travail étaient très "hollywoodiennes". Est-ce que vous pouvez nous expliquer ces méthodes ?

    Je travaille normalement dans une petite société qui s'appelle Shirogumi. Chacun s'occupe un peu de tout, c'est un peu le bazar, tout est fait de manière un peu plus artisanale. Marza est une très grosse entreprise et son côté "hollywoodien" tient surtout dans une réelle répartition des tâches.

    Il y avait des personnes responsables des décors, des gens responsables des personnages, des personnes responsables des fonds etc... Je n'étais pas habitué et j'avais un peu d'appréhension au début, je me demandais si tout allait bien se dérouler. Mais au fil du temps, j'ai beaucoup apprécié cette façon de faire.

    J'avais à coeur de raconter cette histoire où on a une femme pleine de talent mais qui ne peut pas s'exprimer comme elle voudrait à cause des pressions qu'elle subit.

    Monkey Punch nous a quittés en 2019 avant de voir le projet terminé. Avez-vous pu le rencontrer et a-t-il participé à l'élaboration du film ? Etait-il favorable à l'évolution de Lupin vers l'animation 3D ?

    Malheureusement, à mon grand regret, je n'ai pas pu le rencontrer. Ça aurait dû se faire mais il a disparu avant. Mais il avait déclaré que ça faisait longtemps qu'il voulait voir un Lupin réalisé en 3D.

    Il avait beaucoup d'intérêt pour le développement de l'animation en images de synthèse. J'aurais adoré lui montrer le résultat final. Malheureusement, ça n'a pas pu se faire mais je suis sûr qu'il aurait été satisfait.

    5 clichés sur les animés japonais décortiqués dans notre émission

     

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