Mon compte
    Scorsese : clashé dans un article assassin, le réalisateur des Affranchis est défendu par Guillermo del Toro
    Olivier Pallaruelo
    Olivier Pallaruelo
    -Journaliste cinéma / Responsable éditorial Jeux vidéo
    Biberonné par la VHS et les films de genres, il délaisse volontiers la fiction pour se plonger dans le réel avec les documentaires et les sujets d'actualité. Amoureux transi du support physique, il passe aussi beaucoup de temps devant les jeux vidéo depuis sa plus tendre enfance.

    "Ancien parangon du Nouvel Hollywood", "inégal", "fainéant"... Martin Scorsese fait l'objet d'un billet assassin dans un article publié par le site The Critic, qui a vivement agacé Guillermo del Toro, prenant la défense du cinéaste.

    On peut tout à fait ne pas être réceptif à l'univers des films de Martin Scorsese, et plus largement à son oeuvre. A condition d'y mettre les formes, bâtir un argumentaire solide, et faire preuve d'un minimum de bonne foi.

    Une nuance, ou plutôt une absence de nuance, qui a justement vivement courroucé Guillermo del Toro, à propos d'un billet assassin et particulièrement à charge publié sur le site Critic, concernant Scorsese. Un réalisateur qualifié "d'inégal", dont "la renommée, le prestige et l’auto-indulgence" ont "avili son talent". Rien que ça.

    "Je poste très, très rarement quelque chose de contradictoire ici", a déclaré del Toro sur son compte Twitter, "mais la quantité d'idées fausses, d'inexactitudes bâclées et d'adjectifs hostiles non soutenus par une justification réelle est offensante, cruelle et mal intentionnée. Cet article leur a attiré du trafic, mais à quel prix ?"

    Il poursuit un peu plus loin : "Pour être clair : si Dieu proposait de raccourcir ma vie pour allonger celle de Scorsese – j'accepterais le deal. Cet homme comprend le cinéma. Défend le cinéma. Incarne le cinéma. Il s'est toujours battu pour l'art et contre l'industrie. Il n'a jamais été apprivoisé et a une place de choix dans l'Histoire".

    "Raging Bull ? Du mauvais cinéma à tous les niveaux !"

    "Les nouveaux films de Scorsese sont trop longs d'une heure" assène d'emblée Sean Egan, l'auteur du billet en question. S'il convient que les Affranchis est un chef-d'oeuvre, "son talent n'a jamais été aussi grand que lorsqu'il a fait ce film". Très peu de films du maître trouvent grâce à ses yeux, hormis éventuellement La Valse des pantins et After Hours.

    "Peut-être pouvons-nous pardonner les gaucheries de Mean Streets (1973) au motif qu'il s'agissait du premier long métrage de Scorsese" balance l'intéressé. L'ennui, c'est que c'est factuellement faux. Où l'on reparle des inexactitudes pointées par del Toro plus haut... Le Loup de Wall Street ? "Insupportablement long"Raging Bull ? "Du mauvais cinéma à tous les niveaux". Défense de rire.

    Casino et The Irishman ? Des oeuvres répondant au même "trouble obsessionnel compulsif" du cinéaste pour l'univers de la mafia, "contenant à peu près le même milieu, décors et leçons de morales". Le reste de la charge dans l'article est à l'avenant.

    Il achève son exposé ainsi : "Scorsese a récemment critiqué l'univers cinématographique Marvel, affirmant que ses films sont sensationnalistes et vides. En fait, la réflexion et le rationalisme imprègnent chacun d'entre eux. Dans Captain America: Civil War, la nature justicière des super-héros et des combattants du crime costumés est soumise à de profondes remises en question".

    Un tel solipsisme [NDR : théorie d'après laquelle il n'y aurait pour le sujet pensant d'autre réalité que lui-même] démontre que cet ancien parangon du Nouvel Hollywood est quelque part devenu old-school. Ou peut-être que cela devrait être l'Establishment ? Comment décrire autrement quelqu'un dont les efforts excessifs ces derniers temps prouvent qu'il a atteint ce statut d'intouchable que tant d'artistes à succès atteignent ?"

    FBwhatsapp facebook Tweet
    Sur le même sujet
    Commentaires
    Back to Top