Un prophète. C’est comme cela que je parlais de Jacques Audiard, génial réalisateur de UN HEROS TRES DISCRET et SUR ME LEVRES. Et il a fallu que son dernier film, drôle d’animal, tombe sur l’écran-vitre pour que je revienne sur ma parole (sainte ?). Reprenons la phrase de Cecil B de Mill en la transformant un peu : du Coran, du sexe et du sang.
Certes, c’est un film « de genre ». Ce n’est absolument pas ce qui me dérange, car on ne peut pas dire que SUR MES LEVRES était une douce comédie romantique. Ce qui ne me plaît pas, dans UN PROPHETE, c’est la volonté de capter le réel avec tant d’artificialité. L’omniprésence de la musique enlève toute force au son très travaillé. L’effet « image arrêtée », accompagné d’un titre est d’abord drôle. Puis, au bout de son dixième usage, on se lasse, et on commence que ça commence à devenir un film de frimeur. Oui, c’est ça. De la frime. On nous en jette plein les yeux. C’est sale, c’est violent, mais on tente en vain de nous éblouir avec ça. Je veux bien croire que la prison forme des criminels endurcis. Néanmoins, était-ce nécessaire de la présenter comme le lieu de tous les possibles ? On y fume allègrement de l’herbe, et on peut même y installer un lecteur DVD. Ce genre de morale un peu limite (pas besoin de formation pour s’en sortir, vive les réseaux carcéraux, l’administration vous trouve un boulot….) ne dérangerait pas si le thème de l’éducation n’avait pas été traité, puis subitement écarté. Le rapport à l’écriture, au savoir, guidait le film d’une nouvelle manière ; un intérêt nouveau lui donnait du souffle, et puis…plus rien…était-ce pour s’assurer le prix de l’Education nationale ? Je ne sais pas. Car oui, le film part comme une belle promesse. Le sujet est dense, et passionnant ; mais tout est survolé, au profit de scènes qui fédèreront le plus grand nombre.
L’acteur principal est convaincant ; c’est un fait. Mais son personnage est peu construit. La complexité ne fait pas partie de ce bas monde. Seules les histoir