Wow !!! Certes, le film n’est pas parfait, loin de là. Mais l’intention est tellement généreuse (et courageuse) qu’on ne peut que se réjouir de voir sortir des films pareils. Alors désamorçons tout de suite les points faibles du film ; oui, c’est trop long et répétitif. Oui, on déblatère des phrases un peu creuses sur un ton aussi détendu que la corde du string de Lena Dunham. Mais c’est pas grave, car le film assume son gloubi-glouba avec recul et offre un véritable concentré de cinéma et est porté par la folle générosité de ses auteurs. Déjà, contrairement à Mozzerani, je trouve que le recul des auteurs et la dérision se sent pendant tout le film. J’ai eu l’impression qu’ils s’éclataient comme des potes, en s’auto-citant, se parodiant et en étant très francs quant aux références pompées ailleurs par le film (p. ex. Soleil Vert). En effet, toute la partie Néo-Séoul est une sorte de remake de Matrix (on retrouve même Morpheus), Hugo Weaving nous rejoue son rôle de l’agent Smith (un moment, on l’appelle carrément « Sixsmith ») et le voir se travestir aussi grossièrement est évidemment un délicieux clin d’œil à un de ses premiers grands rôles : Priscilla folle du déserte. On est là clairement avec des auteurs qui se font plaisir. Plus que ça, ils essaient de faire un film somme, où toute leurs thématiques phares se retrouvent : destins et coincidences, révolutions et émancipations, critiques du monde de consommation, karma, transgenre, aveuglement et religion. Le navire est un peu chargé, mais ne prend pas l’eau grâce à un montage fantastique et à l’idée d’utiliser les acteurs dans des personnages parallèles. Pour moi, ce dispositif est très cohérent avec le propos du film. Enfin, je m’interroge quand je vois autant de monde persuader que le film parle de réincarnation et d’ésotérisme fumeux. En effet, tout la partie sur l’émergence d’une nouvelle religion est fascinante et vient désamorcer tout le côté christique de l’héroïne de Néo-Séoul. Quant à la réincarnation, je crois qu’il s’agit plus d’interprétation. En effet, il me semble que le film parle plus des conséquences et de l’origine de nos actes (clairement orienté Karma) ainsi que des situations et de comportements qui se répètent incessamment. Seul l’amour permet de faire évoluer ses figures itératives… oui, c’est simple (voir simpliste, voir simplet), mais fait de manière tellement généreuse, sympathique et relativement brillante qui fait de ce Cloud Atlas un OVNI cinématographique particulièrement audacieux à une époque où « gros films » ne rime plus qu’avec produit.