Assassiné par les critiques de la presse mais aussi par celles des spectateurs lors de sa sortie en salle, Cartel fut ce qu'on appelle un échec assez cuisant pour Ridley Scott qui sortait du demi succès de Prometheus, son film de science-fiction prequel de la saga Alien qui a déçu de très nombreux fans. Et il est vrai que quand on regarde Cartel, on ne sait pas trop quoi en penser quand vient le générique. Navet ou film brillantissime ? Et bien peut-être un peu des deux. Un jeune avocat pénal, attiré par l'excitation, le danger et l'argent facile du trafic de drogues à la frontière américano-mexicaine, se retrouve vite dans une très mauvaise posture et effectue une descente aux enfers aussi tragique que violente. Il découvre alors qu'une décision trop vite prise peut faire plonger dans une spirale infernale, aux conséquences fatales. Sorti le 13 novembre 2013 en France et malgré un déluge de critiques négatives et assassines, Cartel connu un certain succès avec un peu plus de 600 000 entrées, un score qui reste tout de même relativement faible pour un film mis en scène par le grand réalisateur qu'est Ridley Scott. Et ce fut le même schéma catastrophe un peu partout dans le monde où le film fut totalement incompris notamment aux Etats-Unis où les recettes du film s'élèvent à seulement 16 millions de dollars pour un budget d'environ 25 millions de dollars. Le film terminera sa carrière avec 71 millions de dollars au box-office mondial. Et le pire c'est qu'on en serait même triste pour Sir Ridley Scott, lui qui a tant offert au Septième Art avec ses nombreux chefs-d’œuvre dont le plus inoubliable reste Gladiator sorti en 2000 et qui est sans doute son film le plus grandiose et monumental. Et nous pouvons également citer des œuvres plus que cultes telles qu'Alien, le Huitième Passager ou Blade Runner qui ont marqué la science-fiction au cinéma, des films peut-être moins reconnu mais que l'on peut considérer comme des œuvres phares de sa filmographie comme les superbes American Gangster et La Chute du Faucon Noir, et je compterais aussi le Robin des Bois de 2010. Le problème c'est que ce brillant réalisateur a commis quelques fausses notes parfois comme avec son ambitieux 1492 : Christophe Colomb qui a un peu déçu, avec aussi Hannibal, une suite décevante du Silence des Agneaux ou encore Une Grande Année, A armes égales et Lame de Fond qui ne furent pas de grands succès. Mais Cartel alors, où le placer ? Dans les films cultes et inoubliables du réalisateur ? Ou dans ses films oubliables et mineurs ? Et bien je ne sais pas trop, certains éléments iraient plus dans la première catégorie et d'autres dans la deuxième, mais en tout cas, et pour être clair, Cartel n'est pas un grand film de Ridley Scott pour le moment. Il est vrai qu'avant sa sortie on était en droit d'attendre un nouveau grand film de Sir Ridley Scott, qui revenait un an après s'être attiré la colère des nombreux fans de la saga Alien à cause de la certaine déception que fut Prometheus, que je vais continuer à défendre comme un très bon film. Avec Cartel, le réalisateur de Gladiator s'attaquait à ce qui allait être sans doute un grand thriller noir, stylisé, violent, sexy et poisseux sur les cartels de drogue qui sévissent aux frontières américano-mexicaine. Et sur le papier, le film partait gagnant : Ridley Scott à la réalisation, le grand auteur Cormac McCarthy au scénario qui livrait son premier script purement original pour le cinéma, il est notamment connu pour son roman No Country for Old Men qui fut adapté au cinéma par les frères Coen, et enfin le film nous rassemblait un casting cinq étoiles, qu'on pensait possible seulement dans nos rêves les plus fous : Michael Fassbender, Pénelope Cruz, Cameron Diaz, Javier Bardem et Brad Pitt. Cartel avant visionnage est égal à un film potentiellement culte et dément. Mais le problème qui se pose maintenant, c'est que le film n'est pas celui qu'on nous vendait si bien dans les superbes bandes annonces et teasers qui annonçaient un film enragé, sombre, violent, intense, brillant,... bref une véritable descente en enfer du héros joué par Michael Fassbender dans le monde impitoyable des cartels de drogues, le tout sous une histoire de Cormac McCarthy et une mise en scène de Ridley Scott. Au final ce fut une grosse déception sur ce qui fait l'âme d'un film, ce qui le fait vivre : son scénario. Car si le scénario est raté, le film ne peut pas être réussit, et même avec un réalisateur de talent comme Ridley Scott et un casting aussi prestigieux que celui de son Cartel. Pas de scénario pas de film, c'est aussi simple que deux et deux font quatre. Et Cartel en est le bon exemple car on ne sait pas du tout où veulent en venir le scénariste et le réalisateur. D'abord le film met presque une heure à démarrer car accumulant de longues scènes de dialogues, certes brillantes, mais qui ne permettent pas de bien comprendre l'intrigue et ce que veulent nous raconter Ridley Scott et Cormac McCarthy. Et le problème c'est que le film dur à peine deux heures, 1h56 exactement je crois, donc une heure de mise en place où il ne se passe rien, c'est long et on se demande si l'équipe du film n'a pas fumé la moquette pour livrer un tel produit final. C'est tellement flou comme scénario que je n'avais même pas compris que l'avocat se lançait dans le trafic de drogue de son client joué par Javier Bardem parce qu'il était endetté. C'est pour dire comment une histoire aussi classique mais passionnante que celle de Cartel qui est très mal racontée et exploitée, perd vite en route le spectateur. Ensuite ce qui est vraiment dommage c'est qu'on ne sait pas qui est qui dans ce film, les explications étant tellement imprécises et absentes sur les identités et les intentions des personnages qu'on ne comprend rien du tout.
Est-ce que c'est Cameron Diaz la chef du cartel qui fait la peau à tout le monde ? Pourquoi Brad Pitt se fait bien avoir à la fin ? C'est quoi l'objectif du personnage de Cameron Diaz ?
Bref beaucoup de questions restent sans réponses dans ce film alors qu'il devrait y en avoir pour permettre la compréhension de l'histoire qui est au départ très intéressante où l'on retrouve un peu l'esprit de la cultissime série de Vince Gilligan intitulée Breaking Bad avec ces histoires de cartels de drogues, d'argent sale, de meurtres violents, de règlements de comptes entre dealers,... et pour pousser encore plus loin la comparaison il y a même le génial Dean Norris, l'interprète d'Hank Schrader, agent de la DEA dans la série, qui fait une apparition en tant que ce qui semble être un dealer. Cartel est donc trop alambiqué, trop décousu et trop flou, ce qui donne au film des longueurs qui ne permettent pas de comprendre l'intrigue générale du film, et par exemple on ne sait pas dans quelles mains passe le chargement de drogue durant tout le film, dans celles du cartel, dans celle de Cameron Diaz, dans celle de l'expéditeur ? Le thème qui ressort de Cartel c'est que nos actes ont souvent des conséquences fatales, qui iront jusqu'à détruire notre vie comme c'est le cas avec celle de l'avocat totalement dépassé par les évènements dans lesquels il se trouve.
Tous les personnages sont victimes des actes du héros : son client dealer est abattu d'une balle dans la tête, sa petite-amie est kidnappée et décapitée et son intermédiaire est étranglé à la limite de la décapitation, une scène qu’on n’est pas près d'oublier quand on voit qui est la victime.
Il est vrai que le film est assez bavard, beaucoup de gens le lui reproche mais pour moi cet élément ne me dérange pas car les dialogues de Cartel sont vraiment excellents, certains deviendront mémorables car contenant de nombreuses connotations philosophiques comme sur les conséquences de certaines décisions prisent trop vite sans analyse des conséquences ou sur des réflexions existentielles. Nous retiendrons surtout les dialogues entre Michael Fassbender et Brad Pitt ainsi que quelques moments avec Javier Bardem et Cameron Diaz, notamment la scène où celle-ci fait l'amour à la Ferrari de Bardem. Une fois analysé, le film est vraiment intéressant car offrant cette image assez pessimiste sur la vie une fois qu'on a pris la décision de s'engager dans quelque chose et qui dégénère vite, nous entraînant dans une spirale infernale d'évènements tragiques. Mais le problème du film c'est qu'il reste trop brumeux pour qu'on comprenne tout cela, il n'y a pas assez d'explications sur les personnages, le pourquoi de leur actes, leurs objectifs et surtout qui sont-ils réellement. Ridley Scott s'est en fait essayé à un exercice de style trop ambitieux et qui n'a malheureusement pas réussit à cause d'un scénario trop flou et mal expliqué. Mais rassurez-vous, il y a quand même des choses à sauver de ce Cartel comme la brillante mise en scène de Ridley Scott qui est très simple mais virtuose où les rares scènes d'action sont intenses et violentes, l'assassinat du motard est une des scènes les plus marquantes du film tout comme celui de la fin avec vous savez qui où le suspense et la violence participent à l'ambiance noire et poisseuse du film, la scène du « poisson-chat » avec Cameron Diaz est sans doute déjà culte, les dialogues sont superbement mis en scène, la photographie est magnifiques et la direction des acteurs est parfaite. Car oui, le point culminant du film c'est son casting où tous les acteurs sont parfaits dans leur rôle : Michael Fassbender en avocat dont on ne connaît pas le nom et qui reste assez mystérieux, à l'image du scénario en fait, Pénelope Cruz en petite amie sexy très générique mais élégante, Javier Bardem en espèce de dealer patron de boîtes de nuit avec une coupe de cheveux « pétaradante », sans doute l'une de ses meilleures coupe de cheveux avec celles de Skyfall et No Country for Old Men, Cameron Diaz en bimbo sexy fan de léopards plus intelligente qu'on ne le pense et enfin un Brad Pitt ironique et vraiment excellent dans le rôle d'un des associés de notre jeune avocat. On remarque donc que le film de Ridley Scott est très inégal car possédant un scénario dont on ne voit pas trop le but final et qui met une bonne heure à démarrer, mais possédant tout de même de bonnes choses comme une mise en scène stylisée, des acteurs excellents, une ambiance noire et pessimiste captivante, des scènes de dialogues superbes et une très bonne bande-originale. Cartel est donc un film à la fois raté et bon, ce qui fait de lui un long-métrage difficile à classer qui est au final moyen car méritant d'autres visionnages pour qu'on se fasse vraiment un avis définitif sur lui car depuis sa sortie en DVD, le film commence à avoir des défenseurs et remonte pas mal la pente. Peut-être que d'ici une dizaine d'années, Cartel sera reconnu comme un très bon film et peut-être même une œuvre culte grâce à son ambiance et ses réflexions. Mais pour le moment, Cartel figure parmi les films les plus décevants de Ridley Scott.