Peut-on vivre une histoire d'amour dans un monde où l'amour est banni ? Peut-on exister sans ressentir ? L'amour est-il plus que fort que tout ? Peut-on porter un pyjama blanc toute sa vie sans sombrer dans la folie ?
Si ces questions vous tourmentent, pas de panique, le réalisateur de l'excellentissime "Like crazy", Drake Doremus, a décidé d'y répondre avec sa nouvelle romance située dans un sombre futur, "Equals".
Il y a longtemps, l'humanité s'est encore une fois autodétruite en envoyant joyeusement tous ses missiles aux quatre coins du monde. Un brin choqués, les quelques survivants ont décidé d'instaurer une nouvelle société où les émotions sont inhibées dès la naissance et ses membres ensuite conditionnés à seulement devenir les ouvriers d'un collectif aux visées bien plus grandes.
Globalement, ça marche plutôt pas mal leur dystopie glaciale mais, sachez que, si jamais vous naissez à cette époque, vous devrez être habillés en blanc, vivre dans des immeubles blancs où votre appartement blanc sera seulement rempli de trucs blancs, vos journées constitueront à manger, travailler, lancer des "bonjour" robotiques ou avoir des conversations toutes faites pour ensuite rentrer chez vous faire un puzzle 3D avant de dormir. Avouez que ce n'est pas vraiment la folie cette vie en blanc...
Néanmoins, il y a des dysfonctionnements dans cet "idéal", malgré les précautions prises, certains se mettent tout de même à ressentir des émotions les conduisant la plupart du temps au suicide ou à être enfermés par leurs pairs dans l'attente d'un vaccin pour guérir ce terrible mal.
Silas, un jeune illustrateur, commence à ressentir d'étranges symptômes et à méchamment flasher sur sa collègue de travail, Nia...
Aïe, quelle douche froide cet "Equals"!
Non seulement cette société dystopique à laquelle on nous invite à croire ressemble à un pot-pourri ultime d'histoires/films de SF passés mais cet amour naissant en son coeur qui est censé la transcender (et nous bouleverser) ne parvient jamais réellement à ses fins. La faute n'en revient pas aux très bons Nicholas Hoult et Kristen Stewart mais au statu quo dans lequel se trouve leur couple au sein de ce monde à mi-parcours qui ne provoque que de l'ennui alors qu'il devrait nous donner envie de lutter à leurs côtés. Certes, cette romance permet à Drake Doremus de délivrer de très belles images où le côté sensoriel de l'innocence de cet amour prédomine mais l'essentiel d'une grosse partie du film se résume vite soit à voir Nicholas Hoult et Kristen Stewart se tripoter dans des toilettes soit à les regarder faire des têtes tristes chacun de leur côté.
On aurait pu penser que les quelques rebondissements (téléphonés) de la dernière partie auraient pu donner une véritable dimension maudite et tragique à ce couple pour enfin nous le rendre mémorable mais non, le film choisit une conclusion certes mignonne et pleine d'espoir pour l'avenir mais qui relève une fois de plus de la voie facile.
Première déception au compteur pour Drake Doremus qui, en dépit de quelques belles idées esthétiques, ne parvient qu'à livrer une romance futuriste très dispensable.