Quand la quête des oscars conduit au délire actoral, on verse, malheureusement, dans l'outrance, la démonstration, l'exubérance. Désireux d'obtenir sa statuette, Joaquin Phoenix assure le coup en figurant dans absolument tous les plans du film, empêchant tout contrechamp, toute altérité, tout partage de l'écran. C'est usant de vanité, encore plus quand on sait que l'acteur, également producteur du film, a dû jouer de sa notoriété pour être autant mis en exergue.
Derrière un ton qui paraît acerbe envers le pouvoir, la lutte des classes et le handicap, Joker est un film, en réalité, bien inoffensif. Le scénario reprend une partie du synopsis de La Valse des Pantins – où De Niro jouait déjà, mais dans le rôle inverse –, le talent et la subtilité de Scorsese en moins. L'espèce de rébellion, où le slogan "Kill the rich" règne, témoigne d'une absence de compréhension de la politique des scénaristes, croyant que la motivation des classes dominées serait non pas d'aspirer à une meilleure répartition des richesses, mais à éradiquer tout "gagnant" du capitalisme.
Enfin, si l'on veut être tatillon quant à la cohérence de ce récit dans l'univers de Batman, on pourrait arguer qu'Arthur Fleck ne peut vraisemblablement pas dépasser la quarantaine lorsque Bruce Wayne avoisinerait les 10 ans. Cet écart signifierait que, lorsque Bruce devient Batman – on lui donne la trentaine –, le Joker aurait plus de 60 ans…