Civil War : les secrets du tournage

Alex Garland, le scénariste et réalisateur de Civil War, a imaginé la possibilité qu’un conflit violent puisse ravager une nation qui n’y était pas préparée. Pour lui, qu'il s'agisse d'une guerre civile ou d’une guerre avec un pays voisin, la réalité du conflit reste la même. Il transpose dans son film les images que l’on connaît des rues de Washington en zones de guerre. Les paysages américains, détruits par la violence, semblent à la fois surréalistes et étonnamment réels. Wagner Moura, interprète de Joel, a été vraiment perturbé à la lecture du scénario : "Ces images, qu’on a l’habitude de voir à la télé et qui se déroulent généralement dans des pays lointains, avaient lieu ici aux États-Unis, c’était fou et effrayant.”

Civil War n'explique pas les raisons du conflit, laissant aux spectateurs leur propre interprétation. Si les Forces de l’Ouest, une alliance entre le Texas et la Californie, peuvent apparaître à première vue comme une réalité politique improbable, c’est ce même scepticisme qui fait qu’une guerre semble impossible jusqu’à ce que cela produise vraiment.

“La guerre civile moderne n’a rien à voir avec ce qu’on a pu voir précédemment. De nos jours, il s’agit d’un effondrement dans tous les domaines. Le véritable risque c’est la désintégration”, explique Alex Garland.

Alex Garland a voulu rendre hommage aux photographes de guerre et saluer leur courage. Le réalisateur a grandi entouré de journalistes, son père était notamment un caricaturiste politique. Les personnages de Lee et Jessie portent d’ailleurs le nom de deux photographes de guerre que le cinéste admire beaucoup : Lee Miller et Don McCullen.

Le plus difficile pour Alex Garland a été de créer un film de guerre avec des idées pacifistes : “Les films de guerre ont souvent tendance à glorifier la violence. Beaucoup de films dits anti-guerre ne le sont pas vraiment, ils mettent l’accent sur la camaraderie et la bravoure. Le courage et la tragédie aussi d’une certaine façon sont par nature liés au romanesque. Sans le vouloir, ils s'apparentent plus à des films romantiques.” Selon lui, Les Sentiers de la gloire et Requiem pour un massacre font figure d'exceptions.

“J’ai décidé d’utiliser une approche naturaliste pour faire ce film. On ne voit pas de grandes giclées de sang lorsque quelqu’un se fait tirer dessus, la personne s’effondre simplement. [...] Mon film est d’ailleurs probablement plus proche du documentaire que de la fiction. C’était une façon pour moi de rendre la violence encore plus brutale."

Afin de saisir toute l'horreur des combats, Alex Garland a tenu à utiliser des armes à blanc dès que c'était possible : "Le bruit que font ces engins est très fort. Certains d'entre eux, comme les fusils de calibre 50, créent presque un vide d'air, un peu comme si quelqu'un vous tapait sur la poitrine." Kirsten Dunst a dû porter des bouchons d'oreille pour étouffer le bruit des coups de feu sur le plateau. Elle se souvient : "un jour j’étais très loin des plateaux pour me faire maquiller, et toute la caravane a tremblé à cause d'une explosion qu'ils étaient en train de faire." Elle raconte même avoir souffert de stress post-traumatique les deux semaines ayant suivi la fin du tournage.

De son côté, Wagner Moura a été marqué par l'une des scènes les plus fortes de Civil War, lorsque le groupe tombe sur une fosse commune et une troupe de soldats dont l’un d’entre eux est interprété par Jesse Plemons : "Tourner cette séquence a été très brutal et très physique. À la fin de cette journée entière à supplier pour ma vie et celle de mes amis, je me souviens que je me suis allongé dans l’herbe et que j’ai pleuré pendant près d’une demi-heure."

Alex Garland a fait appel au conseiller militaire Ray Mendoza. Celui-ci a eu carte blanche pour chorégraphier, avec les coordinateurs cascades Jeff Dashenaw et Wesley Scott, la séquence finale montrant le siège du Capitole. Une cinquantaine de cascadeurs ont été mobilisés.

Le réalisateur précise : "Ray est un ancien membre de la Navy Seal. Ceux qui faisaient partie de cette séquence étaient donc ses collègues. Nous leur avons juste demandé de faire ce qu’ils faisaient dans la vie de tous les jours. Je ne leur ai donc pas donné de notes ou expliqué comment ils devaient jouer. La seule chose que je leur ai dite était de ne pas se soucier de la caméra." Mendoza ajoute : "J'ai engagé beaucoup de vétérans et j’ai trouvé que c’était formidable de les voir s'imprégner de la scène. Que ce soit les dialogues, l'ambiance ou les scènes de fusillades, tout est très fidèle à la réalité."

Pour se préparer à son rôle, Kirsten Dunst a travaillé avec un photographe pour se sentir plus à l’aise derrière l’objectif. Elle et Cailee Spaeny ont aussi collaboré avec le photographe de plateau, Murray Close, qui a capturé les clichés présents dans le film. Enfin, avant le début du tournage, les acteurs ont passé deux semaines à répéter et à revoir le scénario. Ils ont également visionné des films tels que Under the Wire, un documentaire sur la guerre en Syrie, ou encore Requiem pour un massacre de Elem Klimov.

Après avoir travaillé avec Cailee Spaeny sur Civil War, Kirsten Dunst a recommandé l'actrice à son amie, la réalisatrice Sofia Coppola, pour le rôle principal de Priscilla.

A noter la présente au casting de Jefferson White dans le rôle de Dave. L'acteur est principalement connu pour jouer Jimmy Hurdstrom dans Yellowstone, un ancien toxicomane qui intègre l'équipe de Kevin Costner pour travailler au ranch de ce dernier. Ce personnage attachant connaît une évolution notable dans la série à succès et est très apprécié des fans.

Dans Civil War, Jefferson White incarne un journaliste vidéo rival de Joel, le photo-journaliste campé par Wagner Moura.