De la fracassante entrée en vigueur de la prohibition à l’accord trouvé permettant aux cinq familles d’asseoir leurs pouvoirs sur le crime organisé américain, Terrence Winter s’impose, avec Boardwalk Empire, comme le successeur de son précédent mentor, David Chase, auprès de la chaîne câblée HBO. Oui, ayant tourné la page de quelques chefs d’œuvres, les Soprano, The Wire ou encore Six Feet Under, il fallait à la firme une série qui renouvelle avec suffisamment d’impact son catalogue. Celle-ci se tourne alors vers Winter, associé avec le célèbre Martin Scorsese, pour que prenne vie l’épopée criminelle, en cinq phases, d’un gangster irlandais, Nucky Thompson, entre les années 20 et 30 du siècle passé. Pour ce faire, HBO ne lésine pas sur les moyens, s’offrant les services de vedettes talentueuses, Steve Buscemi, Michael Shannon, Shea Wihgham et bien d’autres, sans compter sur un team de scénaristes de renom. La machine à peine lancée, l’écho de la série la propulse dans le sillage des succès de la chaîne. Et nous, public, ne pouvons qu’apprécier.
Les quelques lacunes dont fait preuve la première saison, principalement techniques, sont très vite gommées et le show prend des allures de Drama tentaculaire, s’appuyant sur les jalons laissés par les grands classiques du cinéma et de la télévision. Pourvu de nombreuses scènes crues, violence exacerbée, visions de corps nus, le show HBO se démarque d’emblée de la concurrence de par une imposition de limites inexistante, une réelle intention de toucher le public adepte des films de Martin Scorsese, justement. La série se démarque aussi de par une reconstitution historique quasi parfaite, dans les costumes, les décors et surtout de par l’imbrication dans la fiction de toute une galerie de personnages réels, des truands tels que Lucky Luciano, Meyer Lansky, Arnold Rosthtein ou encore Al Capone. Ce mixage entre histoire américaine du début du 20ème siècle et pure fiction apporte une plus-value incontestable à la série, sorte de fil rouge historique permettant d’implémenter des évènements fictifs aux travers de l’histoire, de faire interagir les protagonistes avec des monstres dont les actes ne nous sont pas épargnés.
Captivante de bout en bout, la série opère quelques virages, notamment en ce qui concerne la rupture entre les deux premières saisons et la troisième, en ce qui concerne une quatrième saison marquée par un mise en ellipse générale ou encore pour ce qui se rapporte à une ultime saison qui privilégie les flashbacks et la mélancolie. Pour autant, l’ensemble tient d’une harmonie parfaitement maîtrisée, d’une logique narrative orchestrée de main de maître. Les shows HBO nous ayant habitué à une certaine forme de grâce, justement narrative, Boardwalk Empire ne déroge pas à la règle sur ce plan. Tout découle d’une stricte logique, tout est finement calculé pour impacter la suite des évènements. C’est globalement simple à comprendre, rien ici ne sert que de remplissage, rien ici de tient de l’anecdote ou de la futilité. C’est sans doute là le moteur des séries HBO, un procédé d’une efficacité imparable qui se retrouve sur Game of Thrones.
Boardwalk Empire entre donc dans la légende des grands dramas de l’âge d’or de la télévision américaine de notre temps, inférieure tout de même aux chefs d’œuvres qui l’ont précédée mais tout de même suffisamment brillante pour faire date. LE show marque également une véritable consécration dans carrière de Steve Buscemi, impeccable sur toute la ligne durant toute la durée des cinq saisons. S’il s’efface parfois pour laisser place à quelques autres protagonistes, l’acteur reste et restera l’âme de la série. Pour plus de détail, avis aux intéressés, je vous invite à lire mes critiques pour chacune des cinq saisons. 17.2/20