Surprise par l'adhésion remportée par Homeland (saison 1 & 2).
L'intrigue semblait pourtant séduisante: la possibilité qu'un soldat US puisse trahir son pays en se rangeant aux côtés des terroristes, brise la frontière superficielle qui oppose les "gentils américains" d'un côté, des "méchants du Moyen Orient" de l'autre, fait plutôt rare pour une série américaine. Les premiers épisodes posent les bases délicatement et laissent alors présager d'une suite plutôt prometteuse ; et puis finalement...la montagne accouche d'une souris.
On s'ennuie bien vite, les dialogues sont d'un creux et ne parviennent pas à relever le niveau de jeu faible des personnages, ces derniers manquant cruellement de charisme et de crédibilité (la faute au scénario). Côté frisson, mon électrocardiogramme n'observe aucune activité, c'est le calme plat de bout à bout. L'ennui se transforme rapidement en frustration alimentée par des scènes où les protagonistes s'emballent exagérément et surtout inutilement. En résumé : ils créent du suspense pour brasser de l'air.
Evidemment, Homeland reste avant tout du divertissement et une fiction ; mais n'est-il pas légitime d'espérer un minimum d'authenticité quand il est question de CIA ? (comprendre par là, on n'est pas au PMU du coin) . Et c'est là où le bât blesse : les scénaristes prennent délibérément parti pour le sensationnel au détriment du réalisme, nous livrant une histoire tarabiscotée, un scénario au ras des pâquerettes, avec en bonus, aberration sur aberration.
Quelques exemples (attention spoiler) :
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Brody utilise un téléphone pour joindre la CIA, le même pour communiquer avec l'ennemi. Cherchez l'erreur. Les dealers de drogue semblent bien plus précautionneux que lui pour échapper aux autorités.
- Skype comme moyen de communication à la CIA ? Et pourquoi pas Msn. (sic)
- Grosse confusion, on passe de Al Qaïda dans la première saison au Hezbollah dans la seconde, présumant une coopération entre eux-deux. Vraiment ?
Certains diront : "c'est chercher la petite bête", mais ces détails enlèvent irrémédiablement toute crédibilité.
Le scénario n'est pas en reste, deux scènes en particulier remportent haut la main la palme de l'absurdité:
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Le gotha américain placé sous haute protection, Brody est sur le point de commettre l'irréparable quand soudain...roulement de tambour... il "reçoit" un appel de sa fille
: on tombe dans le gros pathos tant la situation est saugrenue. Par ailleurs, un détail, et pas des moindres frappe : la pièce est blindée et le réseau fonctionne (par le pouvoir du Saint-Esprit
- Le clou du spectacle...
Brody, en réunion avec la CIA dans ses propres locaux, envoie en toute discrétion un sms à Abu Nazir, l'alertant in extremis d'une embuscade orchestrée par la CIA
. Affligeant, catastrophique, digne d'un rebondissement de série B.
Passons le caractère agaçant de Carrie, ses problèmes psychologiques (à la CIA?), ses amours improbables, des personnages secondaires sans intérêt, des révélations sans preuve à l'appui sorties du chapeau etc.
"Personnages complexes", "suspense haletant", "scénario remarquable", vraiment ? Pas convaincue pour un sou.
(Avis subjectif.)