Si j'avais écrit une critique par saison, accompagnée d'une note, je serais très certainement passée de 5 étoiles pour les 4 premières saisons à quasiment zéro sur les dernières... 3 étoiles est donc une bonne moyenne même si une moyenne n'est jamais qu'un reflet lissé...
Un reflet lissé car après 4 premières années géniales, inventives et attachantes, le "déclin" de cette série très prometteuse n'est ni total ni désastreux. Certes, les premières saisons ne comportaient aucun épisode raté tandis que la tendance s'inverse par la suite et que l'on compte les épisodes réussis par saison sur les doigts d'une main, pour un ensemble plutôt moyen. Cela n'empêche pas de passer à chaque épisode un bon moment, mais que l'on n'attend plus avec autant d'impatience qu'aux touts débuts, et duquel on ne ressort plus complètement bluffé par les prouesses scénaristiques et humoristiques.
Aucun événement en particulier (
parentalité de Lilly et Marshall, stabilisation amoureuse de Barney, échecs amoureux répétitifs de Ted ?
) n'est seul à l'origine de la lassitude croissante du spectateur mais un ensemble de choix (ou non-choix ?) scénaristiques coupent le rythme, et enlèvent de sa fraicheur au concept originel. Peu à peu, les ficelles deviennent trop grosses, les mêmes running gag s'épuisent, et
l'on se lasse franchement de voir Barney et Ted jouer au ping-pong en se renvoyant Robin et en échouant tour à tour à lui donner envie de rester dans une relation stable
. En parallèle, la relation, peut être trop dégoulinante, de Marshall et Lilly est toujours sympathique à suivre, sans susciter de réel enthousiasme. En somme, on n'a pas vraiment l'impression que la série progresse et on finit par tourner carrément en rond mais on continue à regarder par habitude et parce qu'on veut quand même la rencontrer cette mother !
Arrivent alors la fameuse dernière saison, le moment tant attendu de la rencontre et l'ultime épisode qui conclut la série. Les choix scénaristiques destinés à mettre en scène chacun de ces trois enjeux capitaux, pris séparément, pourraient se défendre car ils sont finalement tout à fait logiques, ingénieux et fidèles à l'esprit original au point qu'ils semblent avoir été conçus dès le début, même s'ils ne feront inévitablement pas l'unanimité. Cependant, ils arrivent trop tard, après neuf saisons qu'il a fallu meubler, si bien qu'ils produisent l'effet inverse de celui qui était attendu.
Ainsi les péripéties ont tout fait pour nous persuader que Robin n'était pas du tout faite pour Ted car ils sont bien trop différents alors que la mother était systématiquement décrite par ses ressemblances avec Ted ; une saison entière a été consacrée à rendre crédible le mariage de Barney et Robin, tout ça pour les faire divorcer à la première occasion ; et surtout le fondement même de la série, jusqu'à lui donner son titre, la fameuse mother à laquelle on s'est fort attaché dans la dernière saison, n'est plus qu'une anecdote supplémentaire pour amener le couple Ted-Robin... Encore...
C'est fort dommage. Car au visionnage du dernier épisode, plutôt que d'apprécier le génie des auteurs et de s'attrister de la perte d'une bande de potes à laquelle on avait l'impression d'appartenir, on se sent juste frustré, déçu, voire atterré... Avec peut être même une pointe de soulagement que ça s'arrête enfin ! Le dernier épisode laisse donc un goût amer devant l'absurde et l'impression tenace d'avoir perdu neuf ans et de régresser, alors qu'il aurait pu être absolument génial au bout de deux voire trois saisons.
Néanmoins, il faut prendre du recul, oublier cette déception finale, et garder en mémoire les atouts de cette série car il y en a, et pas des moindres : l'inventivité de la structure narrative, les personnages et particulièrement celui de Barney, le pouvoir d'identification aux héros, les effets de surprise, les jeux de mots (en vo !!!)...
S'il est préjudiciable de projeter ses propres désirs et de trop en attendre au risque de courir à la déception, How I Met Your Mother est une sitcom incontournable de la décennie, qu'il serait fort dommage de rater !